Je ne parlerai que d'une bible: la mienne.  Pourtant, pour moi, il y en a autant qu'il y a de créateurs.

Ma bible: 'Une musique, employée comme élément de la structure dramatique du film, donne beaucoup plus de valeur et d'impact à celui-ci'.

Elle doit former une synthèse dialectique avec tous les éléments sonores et l'image: chacun des éléments doivent, dans leur succession ou leur assemblage, créer un mouvement dramatique et, par là, un stimulus émotionnel sur le spectateur .

Au temps du muet, la musique accompagnait le film pour combler le silence et souvent le bruit de la projection.

A l'apparition du film sonore, elle est devenue un stimulant émotionnel trop souvent mal employée.

Déjà, au niveau du langage, nous pouvons voir la dépréciation du rôle de la musique dans le film.  La plupart du temps, le réalisateur commande non pas une musique fonctionnelle (qui aurait tel ou tel rôle), mais un 'background' musical. C'est bien là, un des plus importants problèmes.

La musique est considérée comme fond sonore et non pas comme élément dramatique.

Elle requiert pourtant une attention toute spéciale, car la musique est un puissant stimulant provoquant des réponses émotionnelles du public.

Bien employée (j'ajouterai également bien composée), elle renforce terriblement l'impact que le film aura sur le public.

J'essaierai de montrer diverses fonctions que la musique assume dans le film, de démontrer l'influence qu'exerce le processus de travail sur la composition d'une partition.

La recherche d'une musique fonctionnelle exige un travail de collaboration étroite entre le compositeur, le scénariste, le réalisateur et les techniciens.

Dans l'industrie cinématographique, la musique est considérée comme une marchandise.

On la fabrique pour acheter un spectateur, peu importe la qualité du produit du moment qu'il est acheté...!

Jusqu'à ce jour, la plupart du temps, on n'a accepté, en fait de musique de film, que ce qui paraît efficace à coup sûr, à savoir: ce qui s'est déjà révélé comme tout à fait assuré d'une efficacité prouvée, dans toute situation bien définie.

A tel point que cette efficacité est remise en cause car, à force d'être utilisée, cette musique a perdu de son efficacité pour se figer dans un mimétisme de l'image obsédant pour le spectateur.

J'acquiesce totalement lorsqu'on parle d'efficacité à propos de la musique de film; en effet, cette recherche de l'efficacité nous empêcherait de marcher dans les sentiers battus et nous inviterait à rejeter tous les clichés et mauvaises habitudes acquises dans ce domaine, à prendre en considération une démarche musicale nouvelle et à laisser la musique jouer un rôle dramaturgique dans le film.

Il ne faut pas ignorer les nouvelles ressources des techniques actuelles et futures où tout doit découler directement des exigences concrètes de l'œuvre, en l'occurrence le film, et non d'un schéma de confection préétabli (surtout dans le style !).

Chaque film nécessite une démarche particulière et une musique spécifique.  Cela exige une collaboration étroite et poursuivie entre le réalisateur et le compositeur qui, de préférence, devrait entrer dans la production dès le stade du découpage pour mener à bien son travail.

La musique ne doit pas nécessairement s’'identifier à un évènement ou, à l'inverse, prendre ses distances par rapport à lui pour renvoyer au sens général.

Ces deux démarches doivent être choisies en fonction du profit qu'elles apportent au film.

La musique doit être à la fois rapprochée et éloignée du cinéma. Elle doit avoir sa correspondance au film, ne pas être un collage extérieur à l'image, elle doit être autonome et même un 'appât' pour le public, mais se rapportant elle-même à l'image et à la signification du sujet auquel elle participe et en ne doublant plus automatiquement l'image.

La musique est un élément 'signifiant' du film qui, non seulement, détermine la vision du réalisateur, mais oriente le spectateur dans sa saisie du film.  Elle contribue à créer les conditions d'une réaction adéquate en écartant toute fausse association.

Elle doit conjuguer organisation rythmique et construction thématique en une structure parallèle, complémentaire ou contradictoire de celles des images et des sons correspondants.

Tout en faisant corps avec l'image, la musique doit lui donner la dimension exacte.

Elle doit s'intégrer aux différents éléments composant le film (images, ambiances, effets, dialogues, bruitages) qui sont tellement signifiants de la structure dramatique du film, et qui mis en rapport les uns avec les autres, peuvent atteindre la signification du film, et ainsi former un tout, une synthèse:

LE FILM.